BACH ANAL
Nous avions conclu avec l’amant de C. que rien ne devait se faire sans tendresse. Il est vrai que la domination est souvent synonyme de brutalité, de violence, de fouet et de maîtresse stoïque et frigide. C’est un exercice que je laisse à ceux et celles qui se sentent de le vivre ainsi. Pour ma part j’ai une autre approche. Certes j’en impose par mon physique cela est ainsi sans prétention de ma part. Simplement c’est un atout, un certain pouvoir sensuel et érotique, une certaine ascendance que je peux avoir sur les hommes comme sur les femmes. Je cultive mes charmes et la grâce que la nature m’a donné avec coquetterie et mystère… Ainsi je n’ai pas besoin d’insulter mes sujets pour les plier à ma volonté. Un regard, le ton de ma voix ou mon indifférence peut suffire à les faire fléchir…
Pour la première fois j’allais dominer une femme. Et tout ce que je viens de dire auparavant s’applique là particulièrement. C sonna à ma porte. Je l’observais quelque instant à travers le judas. Elle avait bandé ses yeux comme l’exigeait le scénario. J’appréciai de la voir là sur le palier dans cet accoutrement insolite. J’aurai pu la laisser la et lui dire à travers la porte de se déshabiller totalement nu. J’aime les contrastes, déplacer les lignes, l’espace, changer la donne. C’est pour cela que j’apprécie le plus les séances où mes sujets acceptent d’avoir les yeux bandés. Cela change tout : pour eux et pour moi. Cela décuple les sensations et transporte vraiment ailleurs, pour un réel lâché prise.
J’ouvris la porte et fis rentrer C. Je tenais ses mains froides dans les miennes pour la guider. Je sentis qu’à cet instant elle savait que j’étais une femme et je la vis sourire fébrilement. En lui enlevant son trench je percevais son corps raide et haletant. Je lui dis à l’oreille « Un homme que vous connaissez bien vous a confié à moi ». Elle était immobile dans le couloir, temporairement aveugle, j’avais mis Bach qui flottait dans l’air pour lui rappeler que nous étions bien sur terre… Elle respirait de plus en plus fort. Je tournais autour d’elle pour l’observer, pour qu’elle entende le bruit de mes talons comme un manège musical, je la frôlais pour qu’elle sente mon parfum et que ce parfum imprègne sa mémoire durant toute la séance. Puis je l’entraînais au centre de la pièce. Je lui dis de se dévêtir totalement et de ne laisser que ses bas. Je commençais à frissonner de la voir ainsi. Assez grande, le corps fin mais tonique, le visage délicat, la bouche aux dents impeccable, les seins fermes comme des poires mures, la peau laiteuse et blanche comme un doux hiver. Une personne quand elle ne voit pas devient vulnérable et attends de vous que vous la guidiez. C’est une sensation extraordinaire de pouvoir avoir la maitrise totale et confiante de l’autre. Elle suscitait un désir de la dominer, de jouer avec elle. Comme le chat joue avec la souris avant de la manger… Je savais qu’elle était une bonne soumise, qu’elle allait vraiment en profiter. Et cela est pour moi très exaltant et excitant. Je déteste les sujets qui ne s’abandonnent pas, qui retiennent toutes leurs tensions, qui ne jouent pas le jeu, qui grognent. Je dis je déteste car c’est pour moi une perte de temps, d’énergie et c’est sans intérêt car il n’y a pas de partage, de communion. Je préfère quelqu’un qui danse vraiment même s’il danse mal que quelqu’un qui fait semblant de danser…
J’avais entre mes mains une belle personne… Je la fis s’assoir sur un petit tabouret de velours rouge. Je voulais qu’elle se sente bien, qu’elle se réchauffe, qu’elle ait confiance. Je lui caressais du bout des doigts, la nuque, les épaules, le visage, elle se laissait faire comme un soulagement. Je voyais sa tête esquisser ce même sourire qu’elle avait au début : ce sourire de Joconde. Je m’agenouillais devant elle et lui caressais les pieds, les mollets. A travers le nylon la sensation était agréable. Je voyais son sexe qui commençait à s’ouvrir. Je fis exprès de l’ignorer. Son corps commençait à se ramollir. Il prenait peu à peu les contours que je voulais lui donner… Palpable et vulnérable, vulnérable et désirable. Le désir de toute cette belle chair détendue n’était-il pas qu’on la malmène ?…
Je la fis lever, je continuais à caresser sa nuque, les épaules, le visage en enfonçant délicatement mes ongles dans sa chair. Puis je lui mis un collier tout en lui disant avec une voix douce mais ferme : « Mademoiselle il faut que vous sachiez qui est le maitre ici ». Elle me dit « oui ». D’une petite voix comme oubliée dans son corps. Ce détail me plut. Car cela voulait dire que son esprit avait capitulé, il ne parlait plus, qu’il n’y avait plus de « Je ». Que ce corps et cette peau qui demandaient qu’on les fasse vivre. Je la laissais prendre conscience du basculement qui s’opérait tout à coup. Elle sentit le froid de la laisse en métal que je passais sur ses tétons. Ceux-ci durcissaient comme fait de glace. Je la lui passais entre les jambes en maintenant une pression sur son clitoris qui sortait un peu entre ses lèvres… Elle frémissait, ne sachant pas ce qui l’attendait. D’une autre main je pris mon fouet de cuir. Je le fis tournoyer autour de son corps. Ses lanières faisaient un sifflement dans l’air avec Bach cela donnait une atmosphère surréaliste… Je lâchais la prise sur son sexe. Laissant la laisse pendre le long de son corps. Je caressais ses seins avec les lanières du fouet, ses bras, son pubis épilé, ses fesses. J’attendis un instant avant de donner le premier coup sur ses fesses. C’était l’instant le plus décisif. Tout était là dans ce premier jet car il disait comment les autres coups allaient suivre. Elle ondula légèrement et poussa un faible cri. « Tout cela est bien léger » pensais-je. Son corps est résistant et sa chair à faim…
Le deuxième coup ne se fit pas attendre, puis plusieurs en rafale et deux extrêmement fort. Là je sentis ses fesses se tendre, se cambrer plus encore. Elle fit basculer sa tête en arrière et j’en profitais pour la maintenir par les cheveux. Elle ouvrit la bouche pour y passer sa langue. Vicieuse elle était devenue. Je la regardais. Pas besoin de parler, sa bouche me disait qu’elle en voulait plus. Je m’assis sur un fauteuil et la positionna allongée sur mes genoux, le cul tourné vers le ciel. Je lui administrais ainsi plusieurs coups. Peut-être 10 ou 20. D’intensité variable. Même Bach, le passionné, ne put couvrir ses râles de plaisir.
Je récompensais son abandon par des caresses sur ses fesses rougis. Je redressais ma captive et la ramenais au bout de sa laisse au centre de la pièce. Je lui ordonnai de s’allonger sur le sol. J’allais lui faire vivre l’expérience de la douleur qui torture les sens. Je pris une roue à pic que je passais autour de son sexe, sur les lèvres, le clitoris, les aisselles, les seins. La sensation la fit partir dans une sorte de transe : son corps faisait comme une grande vague. Le plaisir de la douleur donnait le flux et le reflux. J’ai rarement eu un tel abandon. Une réaction de l’autre d’une beauté époustouflante. Je souriais d’avoir cette communion avec elle. Cet instant charnel, sans parole, simplement fait du ressenti de l’autre…
Aussi j’alternais en lui fouettant les seins par à coup comme des traits de coupure sur ses mamelons. Elle ondulait de plus belle, faisait tournoyer sa tête. Ses cheveux s’emmêlaient sur le tapis, ses mains se crispaient comme cherchant désespérément une prise pour exprimer le plaisir, le faire sortir plus fort. Je la fis s’assoir devant moi, jambes écartées.
Je lui mordillais les seins et tapota de ma main son sexe. Les ondes sensuelles et la magie de Sapho faisaient leur effet. Elle cherchait ma bouche, un baiser, elle voulait me toucher. Je la laissai s’abreuver à mes lèvres. Presser mes seins à travers mon chemisier. Fermement tendrement. Cherchant à travers le tissu le contact de mon téton dressé.
Puis j’écartais sa tête en la prenant entre mes mains. Je lui murmurai de m’attendre et de ne pas bouger. La finalité de la séance fit intervenir son amant. Il attendait patiemment dans la chambre à côté depuis le début. Elle ne le savait pas. Il s’était travesti d’un corset et de bas noirs. Un trait de rouge à lèvre lui barrait son visage fin et viril. Il était beau, le regard intense et la queue dressée. Je revins vers elle avec une bassine que j’avais remplie d’eau tiède. Je lui ordonnais de s’agenouiller, les fesses offertes. Je plaçais la bassine devant elle. Son amant nous rejoint et se positionna derrière elle. Il posa une main sur son dos. Elle sourit reconnaissant sa chaleur et son odeur. Il lui murmura « Tu te rappelles ce que l’on avait dit un jour ?». Elle répondit « oui » avec cette petite voix encore. « Alors voilà ». Doucement il guida sa tête vers la bassine. Lorsqu’elle senti le contact de l’eau elle tressailli. A ce moment il la pénétra, la sodomisa tout en maintenant sa tête dans l’eau. C’était un partage entre suffocation et râle. Jouissance et peur. Confiance et plaisir. La beauté du spectacle me ravissait. C’était bon de vivre cela, de le partager avec eux. Je caressais les cheveux de C, lui mettait les doigts dans sa bouche haletante. Et parfois quand la queue de monsieur sortait sous la violence de l’étreinte je la replaçais en elle. Il me regardait avec fièvre, ma bouche, mes jambes galbés de bas nylon tout en la prenant ardemment. Je savais ce qu’il pensait. Mais je lui fis comprendre par un sourire narquois et sadique que je ne lui donnerai pas. Sa frustration serait mon plaisir.
Pour bien appuyer ma décision je m’étais confortablement assise à distance pour les regarder. Il sourit de déception et redoubla d’ardeur en prenant C.
Je me plongeais dans la contemplation en dégustant un verre de vin blanc de Toscane et des amaretti que monsieur avait ramené de son voyage en Italie. Bach ne jouait plus, mais le bruit de leurs sexes mouillés et les soupirs orgasmiques de C. valait je dois le dire, tous les concertos du monde…
Dsortilège